L'organisation principale du mouvement ouvrier espérantiste, la SAT (Association anationaliste mondiale), a été fondée en 1921 à Prague.
Depuis elle rassemble de nombreux espérantistes, souvent impliqués dans les différentes tendances de gauche au sein du mouvement ouvrier, et qui partagent le désir d’abolir les frontières linguistiques et culturelles afin d’unifier les luttes par delà la division des nations.
Le mouvement espérantiste ouvrier en effet s’oppose radicalement aux variantes essentialistes de l’internationalisme en considérant que les nations ne sont que des groupes qui se forment, évoluent et disparaissent sur la longue durée au gré des intérêts de la bourgeoisie. Il estime que seule l’adoption de l’espéranto peut conduire à l’établissement d’une culture prolétarienne mondiale et d’une pratique révolutionnaire égalitaire, conditions de l’émancipation des travailleurs de tous les pays, en rassemblant les exploités des pays industrialisés et ceux des colonies.
Au cours du siècle écoulé, cette position politique a été largement discutée et combattue à l’intérieur et à l’extérieur du mouvement. Elle a donné lieu à de nombreuses ramifications théoriques qui font la richesse de cette expérience collective transnationale et décentralisée.
A travers ses différentes tendances, les 94 congrès internationaux qu'elle organisa en Europe, Asie et dans les deux Amériques, sa contribution à la littérature et à la culture orale, la SAT a ouvert une voie inédite aux processus de transformation sociale.
A l’occasion du centième anniversaire de la fondation de SAT, la journée d’étude du 17 décembre 2021 entend retracer quelques épisodes de cette histoire méconnue et réinterroger le parcours des mouvements ouvriers et révolutionnaires à l’épreuve des questionnements qui traversent les relations entre les langues, les cultures et les nations.